Il y a un an, Le Crapaud Charmant est né. C’était le 15 février 2017, et il faisait froid. Après de longs mois de gestation, ce Crapaud a vu le jour timidement. Depuis il a appris à avancer progressivement dans les méandres de l’entrepreneuriat au gré des chantiers en tapisserie. Au travers de cet article, je vous propose de dresser un bilan de cette première année riche en rencontres, questionnements et décisions.
On ne naît pas tapissier. On ne naît pas entrepreneur.
On le devient !
Etre tapissier ne s’improvise pas. D’abord, on a la furieuse envie de redonner vie aux sièges. Ensuite, on apprend les techniques en intégrant un centre de formation. Enfin, on décroche un diplôme qui valide ses compétences. Mais ce n’est pas tout : pour poursuivre dans cette voie et progresser dans le métier, la curiosité et le goût du travail bien fait sont essentiels. Alors il ne faut pas hésiter à observer, à tester, à faire et défaire (car c’est toujours travailler parait’il ?). Les doutes font partis de l’apprentissage. Il faut souvent se replonger dans la bibliographie et échanger avec ses confrères car le partage des savoir-faire permet à chacun de progresser.
Etre entrepreneur ne s’improvise pas, non plus. Avant même de se poser la question du statut administratif, il y a surtout une attitude à adopter : désormais, c’est moi qui tient la barre du bateau, et qu’importe le sens des courants et la force du vent, je dois prendre les décisions pour garder mon cap. Et puis il faut porter successivement toutes les casquettes : commerciale, comptable, communication… et cela s’apprend.
C’est pourquoi, j’ai choisi d’être accompagnée pour m’aider à structurer le lancement de mon activité :
- D’abord avec la cellule du Développement Economique de Coeur Essonne Agglomération qui m’a permis de prendre du recul sur mon projet de business plan et formaliser ma carte de route.
- Ensuite, en intégrant une couveuse d’activités pour tester mon projet grandeur nature. Ce dispositif m’a permis :
- de me former aux métiers de l’entrepreneuriat
- d’être accompagnée lors d’entretiens individuels et bénéficier ainsi d’un effet miroir pour mieux mûrir mon projet
- d’utiliser le numéro de SIRET de la structure et ainsi honorer mes premières commandes.
Pour être précise, le Crapaud Charmant est né 2 fois en 2017 :
- une première fois, le 15 février en intégrant la couveuse le GEAI* de la BGE Parif*
- une seconde fois, le 12 octobre, en s’immatriculant en tant qu’EURL.
Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin !
Après avoir travaillé une quinzaine d’années en industrie dans des fonctions transversales, je ne me projetais pas dans un travail solitaire avec mes fauteuils (et pourtant, j’adore redonner vie à ces sièges, mais non, je ne suis pas prête au tête-à-tête permanent). Deux challenges s’ouvraient à moi :
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rechercher un local pour y aménager un atelier car mon domicile ne le permet pas. Et c’est ainsi que le Crapaud Charmant s’est porté candidat en tant que résident du futur 1er lieu collaboratif d’Essonne dans l’ancienne piscine de Sainte Geneviève des Bois. C’est une aventure passionnante qui s’ouvre à nous, mais chut..… ce sera l’occasion d’un prochain billet.
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m’entourer d’entrepreneurs motivés pour rompre l’isolement et me rebooster dans les moments de doute et questionnements. J’ai ainsi découvert un univers parallèle, où les entrepreneurs se rencontrent, réseautent, échangent leurs expériences et leurs cartes de visite au sein de réunions, petits déjeuners ou afterworks (tels que dans l’association « Entrepreneurs Cœur Essonne » ou dans les espaces de coworking « Un Bureau et + », « Cœur Working »). Des échanges positifs et tout en bienveillance, une ambiance bien différente du salariat.
Joie, doute et ramponneau
(ma liste à la Prévert pour cette première année)
- Rédiger son premier devis et attendre fébrilement la réaction du prospect
- Rencontrer ses premiers fournisseurs et sélectionner ses premières collections de tissus
- Poser pour la première fois avec un photographe professionnel
- Rédiger et mettre en page son premier flyer
- Relancer ses prospects et essuyer des refus
- Relancer ses prospects et réceptionner un chèque d’acompte
- Dégarnir le premier fauteuil client
- Découvrir avec surprise les dégâts causés par les insectes xylophages
- Recevoir le prix « coup de coeur » du concours de création d’activité de l’agglomération
- Attraper un micro et improviser un discours devant les élus et les copains entrepreneurs
- Faire une mise en crin et observer l’état de son salon qui ressemble à une grange
- Se réveiller le matin avec des courbatures aux épaules et aux mains
- Se réveiller plusieurs fois dans la nuit en pensant aux échancrures et à sa coupe de tissu
- Rencontrer des experts-comptables et se dire « ce n’est pas simple »
- Re-travailler son prévisionnel financier et se dire « on va y arriver »
- Se voir confier des chantiers par des décoratrices, des peintres en décor, un tapissier… et remercier l’univers, pour ces belles rencontres
- Livrer son premier fauteuil et rechercher fébrilement une étincelle dans le regard de son interlocuteur
- Recouvrir un fauteuil et pleurer en se disant « c’est pas parfait !!!»
- Recevoir ses premiers compliments et bredouiller « brrfff, vvrrrfff, merci… » et rougir
- Se découvrir en photo dans le journal municipal
- Surveiller les likes et commentaires sur les réseaux sociaux après la publication d’un post
- Aménager son premier stand lors d’un salon d’artisanat d’art
- Recevoir son k-bis , son RIB et sa carte professionnelle d’artisan
- Investir dans une scie à mousse, la tester, être déçue du résultat…. et comprendre que l’on a inversé les 2 lames (pfff.)
- Surveiller la météo et modifier son planning car ce n’est pas le moment pour dégarnir un siège dehors
- Regarder l’agenda et son carnet de commandes, et s’apercevoir qu’on n’a pas pris en compte les aléas
- Rédiger un article de blog, et voir sa fille qui débarque et déclare « qui a envie de lire ça ? »
- Jouer au tétris pour optimiser le rangement de son garage et de son grenier
- Coudre 8 m de voilage et s’apercevoir que la canette était finie
- Redouter l’avenir car on ne sait jamais de quoi est fait le lendemain
- Se dire qu’on a fait le bon choix qu’il faut oser vivre ses rêves
C’est tout ça la vie d’une entrepreneur – tapissier. Des premières fois riches d’émotions qui ne demandent qu’à grandir et se renouveler.
Et maintenant ?
J’ai posé les fondations. Il me reste à construire les murs et la charpente. J’ai un plan en tête, et il faudra sans doute réviser les schémas en fonction de l’actualité. Rien n’est acquis, tout est à construire et j’ai encore tant de choses à apprendre. J’ai compris que cette aventure entrepreneuriale dépend principalement de moi. Pour 2018, mes objectifs sont : mieux me connaître, développer mes compétences métiers et investir et croire en l’avenir.
Nathalie Monnain
* GEAI (Groupement d’Entrepreneurs à l’Essai Accompagnés Individuellement) de la BGE Parif (Boutique de Gestion des Entreprises, Paris et Ile de France)
Crédit Photo : Studio Ludo Morand, Le Crapaud Charmant et Glenn Carstens-Peters et Annie Spratt de Unsplash